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Charlie Blake {Done}

Charlie Blake
Charlie Blake
rang thomas/charlie
Messages : 15 Je suis arrivé(e) le : 05/07/2016 Actuellement je suis : Marié. Je travaille comme : Professeur. Niveau Social : Moyen.
Mar 5 Juil - 3:24


Charles Blake aka Thomas Colt


« Chicago's a mess, John. It's like a damn Tarantino movie out there. »


Nom : Blake Colt.
Prénom : Charlie Thomas.
Âge : 29 ans, bientôt 30.
Date de naissance : 23 août 1996.
Situation familiale : Marié.
Orientation sexuelle : Hétérosexuel.
Métier : Directeur du Syndicat Professeur de sciences dans une école secondaire de Chinatown.
Habitudes : Étudier ○ Nourrir les oiseaux ○ Jouer aux échecs avec les sans abris dans les parcs et ruelles.
Groupe : Dissidents.
Avatar : Fushimi Saruhiko de K Project.

Physique

4 juillet 2026, jour de célébrations nationales. Tandis que résonnent dans les rues de la ville de Chicago les bruits des feux d’artifice et que les cris émerveillés des enfants leur font écho, une lourde porte de métal se referme derrière trois hommes. Deux d’entre eux portent les habits de la CPD. Le premier est élancé, d’origine irlandaise, alors que le second est plus costaud, avec les cheveux sombres. L’homme qu’ils escortent semble ridiculement petit devant ces deux géants. Mais, malgré sa silhouette frêle, les deux hommes qui l’accompagnent transpirent à grosses gouttes et sont tous deux lourdement armés.

La porte fermée, le prisonnier est attaché à une chaise solitaire, derrière un bureau. Les deux officiers prennent place devant lui. Le rouquin, Jeremiah Smith, pose un dossier sur la table et lève les yeux vers sa prise. Après tant de temps, tiendrait-il son homme ?

Il n’existe qu’un maigre dossier à propos de Charles Blake. Les premières pages tentent d’en dresser un portrait physique aussi juste que possible. On y trouve quelques brouillons, deux ou trois portraits robots ainsi que des descriptions visuelles tirées tant bien que mal à des témoins plus ou moins bien informés.

Ces quelques pages font état d’un homme d’une trentaine d’années à la peau pâle. Plutôt maigrelet, il n’est pas très grand non plus, 1m70 seulement. Sa carrure serait plutôt faible : épaules légèrement voutées, taille assez fines, on aurait rien à lui envier. Le visage mince et bien taillé, il aurait les cheveux bruns aux oreilles, souvent en bataille. Ses yeux sont d’un bleu clair penchant sur le gris. Son nez est toujours surmonté de lunettes rectangulaires aux montures larges et noires. Les lèvres souvent pincées, il conserve l’air pensif des intellectuels, quoique le sourire en coin des charmeurs et des escrocs se lit à l’occasion à ses lèvres. Il tient généralement le menton bien propre, mais quelques rares mentions le rapportent également avec une très courte barbe de quelques jours. Pas particulièrement athlétique ou même sportif, il demeure tout de même en bonne forme. Bien que peu rapide et encore moins fort, il compense ces lacunes physiques par une agilité manuelle relativement épatante.

Il a le regard vif et brillant des gens qui analysent tout ce qui se passe autour d’eux. Un voile grisâtre plane parfois dans ses yeux, témoin de plus sombres pensées ou de réflexions profondes. Il a l’ouïe affutée et il ne faut pas prendre à la légère sa capacité à entendre le moindre murmure. Sa voix est douce, quasi mielleuse, mais peu parfois sembler presque tremblotante, ou peut-être même feinte, froide. Il a un rire silencieux, réservé, comme le sont la grande majorité de ses gestes : subtils, silencieux, comme une ombre dans la nuit.

Ses mains aux longs doigts portent de nombreuses cicatrices, autant sur la pointe des phalanges que sur les paumes. Il a également une cicatrice à l’abdomen, et une similaire dans le dos. Il s’agit des trous d’entrée et de sortie d’une balle de carabine. Elles expliquent peut-être sa démarche parfois difficile, bien que cela pourrait peut-être venir des quelques marques qui sillent son mollet droit. Ces marques sont les traces d’une morsure sévère et présente la trace des dents d’un carnivore, bien que sans un meilleur aperçu il soit impossible d’identifier l’origine précise. Aucun tatouage ne marque son corps et il ne porte qu’un seul bijou : un anneau de mariage, d’un modèle des plus simplistes.

Au niveau vestimentaire, il sait comment joindre mode et discrétion. Toujours bien habillé, il porte des complets suffisamment chics pour lui assurer une crédibilité sur n’importe quelle scène, mais pas assez démarqués pour attirer l’attention sur lui. Généralement dans les teintes de noir ou de gris, ses costumes trahissent un goût pour le luxe et un respect des modes classiques. Par les temps froids, on pourra le voir vêtu d’un long manteau noir à boutons. Il lui arrive également de porter un foulard de laine aux couleurs ternes, et quelques fois un petit chapeau ou une casquette anglaise. Ses souliers sont toujours impeccables, cirés et nettoyés régulièrement.

Ces informations, méticuleusement amassées via divers témoignages, semblent bien complètes, mais elles demeurent peu satisfaisantes. Outre les fiches descriptives et les quelques croquis ou portraits robots, il n’existe aucune photo au dossier, récente ou ancienne. C’est comme si l’homme décrit dans les quelques esquisses et gribouillis n’était qu’une légende. Comme s’il n’était qu’un mythe. Cependant, cette fois, le mythe semble être sur le point d’être levé. Un mensonge finement tissé, travaillé depuis une quinzaine d’années, est sur le point d’être mis à jour. Car l’homme que Jeremiah tient devant lui correspond en tous points à ces détails, jusqu’à la cicatrice la plus subtile. Ses cartes, qui ont répondues positivement à chaque test de véracité, indiquent qu’il se nomme Thomas Colt. Mais les détails sont trop précis pour mentir. Photo ou non, l’homme qu’il tient devant lui ne peut qu’être Charles Blake.

Caractère


- Alors, dites-moi comment vous avez fait, demande Smith avec un sourire crispé.

- Fait quoi ? répond innocemment le bonhomme assis devant lui.

- Il n’y a plus d’échappatoire, cette fois. La route a été longue. Et sinueuse. Mais je vous ai. Et d’ici peu, je saurai tout sur vous, Charles Blake.

- Oh, appelez-moi Charlie, s’il vous plait.

Un sourire pince-sans-rire se dessine aux lèvres de Jeremiah. À sa droite, l’agent Monroe ne plisse pas une ride.

- Donc vous admettez être Charlie Blake, lâche le détective Smith, interloqué.

- Oui. Et, comme vous le dites, Détective, d’ici la fin de la nuit, vous saurez tout à mon sujet.

Smith grimace à la mention de son nom, mais il ne peut être surpris que son prisonnier le connaisse déjà. Il aurait même été étonné du contraire. Aussi, il ne s’écarte pas du sujet et pousse les premières feuilles du dossier pour récupérer un fichier, tenu par un trombone.

- Vous êtes doué, Charlie. Vos empreintes ont été recueillies sur une douzaine de scènes de crime, juste sur le continent. Je n’ose même pas imaginer ce que ça a dû être là-bas. Et pourtant, malgré tout ça, rien. Niet. Pas une seule piste. Vous êtes comme une ombre. C’est comme si vous n’existiez pas dans le système.

Un sourire se dessine au coin des lèvres de ce prétendu Thomas Colt.

- Je suis doué. Comme vous l’avez dit.

Le détective ricane avant de reprendre : « Oui, ça ne fait aucun doute. Les fichiers électroniques. Une véritable plaie pour le système judiciaire. Je peux comprendre qu’avec vos… talents… ça n’a pas dû être si difficile. Mais pour les fichiers papier, ça, je ne me l’explique pas. »

Le prisonnier s’apprête à répondre, mais Smith le fait taire d’un doigt.

- Pas si vite. Vous êtes malin, oui. Doué, aussi. Mais il y a des limites à tout talent. Il y a des choses qui ont échappé à vos doigts minutieux.

Il désigne le fichier, le secouant doucement devant les yeux de Blake.

- Il y a près de quatre ans vous avez été pris par la CIA, en Afrique du Nord. Mais vous vous êtes mystérieusement volatilisé. Tous les dossiers, toutes les preuves ont disparu avec vous. Les agents Miles Thomson et Simon Pace qui étaient en charge de l’opération ont eux aussi disparu. Même chose pour Esther Patel, l’intervenante qui vous a interrogé. Tour de force impressionnant. Sauf que ce joli bout de papier a échappé à votre vigilance. Un magnifique portrait de votre personne, Charlie.

Feuilletant les quelques pages un instant, il commence à lire des passages clé à droite et à gauche : « L’individu ne pourrait être jugé inapte à répondre de ses actes. Il est totalement lucide et démontre même des signes frôlant le génie. Son profil ne correspond pas à celui des brutes et des criminels qui forment la masse ; il semble, sans masque et sans jeu, se soucier d’autrui et porter un intérêt réel au bien être des autres, dans une certaine mesure. Très informé, et très porté sur la philosophie et sur l’éthique, il rappelle plutôt les illuminés et les activistes extrémistes. Je crois que l’individu sait parfaitement ce qu’il fait et quelles en sont les conséquences. Il est donc prudent sur les actions entreprises, mais n’éprouvera aucun remord sur celles-ci si elles vont de pair avec ses propres convictions. En d’autres mots, son code moral prime sur le nôtre et il n’a aucun respect des lois et des règles qui s’appliquent à ceux qui l’entourent, bien qu’il soit doté d’un certain sens d’empathie. »

Smith s’arrête et lève les yeux vers Blake, attendant une réaction. N’en obtenant aucune, il lâche : « Ça vous semble bien ? »

- Ça me semble assez juste, admet Charlie d’un ton calme.

- Alors tout ce que vous avez fait, ça ne vous fait ni chaud ni froid ? Aucun problème pour dormir la nuit ?

Le prisonnier lève son regard perçant vers lui : « Détective. Il y a un problème avec la société, il faut le régler. Vous devriez le comprendre, après tout. N’est-ce pas ce pourquoi vous vous êtes engagé dans la police après avoir quitté votre division il y a sept ans ? »

Cette fois, le détective ne peut réprimer un frisson, mais il parvient à se contenir après un coup d’œil furtif à son collègue, qui reste froid comme le marbre.

- Oui. Sauf que là est toute la différence. Je suis dans la police. Je suis des règles, des principes moraux. Et j’arrête ceux qui, comme vous, vont à l’encontre de ceux-ci.

- Oh, s’il vous plait ! riposte Blake, montrant pour la première fois des signes d’agacement. Des principes moraux ? Vraiment ? À l’heure où nous parlons, le Gouvernement pour lequel vous travaillez est davantage corrompu que ne le sont les têtes dirigeantes des familles crapuleuses qui vous paient pour ne pas les embarquer. Oh, ne faites pas cette tête. Vous n’êtes peut-être pas une crapule malhonnête, Détective Smith, mais ne faites pas semblant que vous ignorez que la moitié de vos collègues travaillent pour une des nombreuses calamités de notre ville. Quand le monde est aussi décadent, des gens doivent se lever vous faire ce que vous vous ne pouvez pas faire. Des gens comme moi.

- Des gens comme vous, hein ? grince Jeremiah avec un sourire forcé. Allons, Charlie. Quel genre de gars êtes-vous ?

- C’est simple, Détective. Je suis un homme de principe. Un homme de logique, aussi. J’ai passé des années à jouer à votre jeu. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que… ça n’avait aucun sens. Aucune portée. L’échiquier est passé au niveau supérieur il y a bien des années. Avant même que nous naissions tous les deux. La partie ne se joue plus à la surface ; tout est dans les profondeurs, dans les ombres. Alors, oui, je me suis détourné de vos lois et de vos manèges. Parce que c’est nécessaire, dans notre monde. Mais ça ne fait pas de moi un psychopathe ou même un criminel. Pas à mes yeux, en tout cas. Je m’efforce simplement de faire de notre monde quelque chose de plus stable et plus sain. Je crois en l’humanité. Simplement, je crois qu’elle ne peut être laissée à elle-même. Il faut sortir des zones écrites. Aller au-delà des frontières.

Il s’arrête un instant, abaissant le regard.

- Je suis un homme de bien, Détective. J’aime les promenades et les oiseaux. J’aime jouer aux échecs avec les plus démunis. Ils font de bons compagnons, lorsqu’on ne les traite pas comme de la vermine, savez-vous.

Comme pour changer de sujet, Smith, les joues rouges, ramène la conversation sur lui : « Vous allez essayer de me convaincre que vous êtes un enfant de cœur, Charlie ? Que vous êtes un modèle pour la société et que je devrais vous donner une médaille au lieu de vous trainer en-dedans par les couilles ? »

- Non, je ne me fais plus d’illusions. Cette histoire dans laquelle je me suis lancé… ça a laissé ses marques déjà. Je ne me berce pas dans le rêve ; j’ai franchi des limites que tous ne devraient pas avoir à traverser. Et, tôt ou tard, cette histoire me mènera probablement à la mort. Mais je ne regrette rien. J’ai fait tout ce que j’ai fait parce que je le devais. Vous avez demandé qui j’étais. Alors voici qui je suis. Un homme discret, qui s’efforce à ne pas laisser de trace. Et qui n’aime pas que l’on vienne… fouiner, comme vous l’avez fait au cours de la dernière année. Je suis aussi un homme poli et respectueux. De nombreuses fois au courant des derniers mois, j’ai tenté de vous faire lâcher prise. Mais vous avez ignoré chacun de mes avertissements, et avez persévéré malgré mes appels cordiaux. J’aurais pu vous faire tuer. Mais je ne l’ai pas fait. Car je respecte la vie, dans la mesure du possible.
» J’aime la vie, Détective. La nature, les forêts, et ce qui les peuple. Et j’aime les humains, malgré tout ce qu’ils peuvent faire. Ma femme, particulièrement.


Il esquisse un sourire suivi d’un rire amusé puis relève les yeux pour reprendre : « Alors, voilà ce que je suis. Un amoureux. Un amoureux de la vie. Et, plus encore, un amoureux qui ne la laissera pas sombrer comme elle le fait actuellement. Je me dresserai contre ces horreurs qui l’assaillent, coûte que coûte. Et vous ne ferez rien pour m’en empêcher. »

acidbrain




Derrière l'écran
Pseudo : Rutherford.
Prénom : A Man has no name. °w°
Âge : Entre deux. O^O
Pays : Canada.
Fréquence de connexion : Trop souvent.
Inventé ou scénario : Inventé.
Commentaires :  elephant
acidbrain

Charlie Blake
Charlie Blake
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Mar 5 Juil - 3:25

Histoire




Jeremiah Smith observe son prisonnier un long moment, les lèvres pincées. Après des mois à lui courir après, il peine à croire qu’il ait réussi. Les apparences semblaient contre lui. Les fichiers inexistants, les pistes abandonnées, tout son service semblait contre lui. Il avait alors compris que c’était une quête qu’il devait suivre par lui-même, dans les ombres. Ce qui s’était avéré encore plus difficile. Heureusement, Monroe était intervenu. Issu d’une patrouille d’un autre poste, il suivait les mêmes objectifs que Smith. Ensemble, ils étaient parvenus à accomplir ce que même la CIA avait échoué à faire : appréhender ce criminel international. Il jete donc un coup d’œil à son compagnon de chasse avant de récupérer le fichier psychologique et le glisse à nouveau dans le dossier. Alors, il prend dans son sac une tablette, qu’il pose sur le bureau, devant lui.

- On va commencer au début, Charlie.

Le criminel ne cille pas, se contentant de le regarder calmement. Smith taponne donc quelques icônes sur son appareil puis, vérifiant le son et l’image, il fait pivoter l’objet vers son prisonnier, lançant un fichier audiovisuel. Une femme apparait à l’écran. Dans la vingtaine, le visage un peu rond, elle a de longs cils et des cheveux bouclés, d’un blond qui penche sur le roux. Vêtue d’un chemisier blanc, elle a des formes attrayantes qui plairaient à plus d’un. La tête basse, elle n’ose pas regarder ni la caméra ni l’officier qui se tient devant elle, dont on ne voit que le dos et le derrière de la tête. À la vue de la demoiselle, Smith a le plaisir de voir les traits de Blake se tirer.

- Une dernière fois, Marianne, s’il vous plait.

La jeune femme soupire doucement puis hoche la tête avant de se lancer, d’une voix faible : « Erik et moi nous étions à Chicago pour la semaine. Ses parents viennent du coin et il a grandi ici alors… c’était important pour lui que je vois la ville. On passait un bon moment. Puis je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Il a toujours eu des problèmes de jeu… On s’est retrouvés dans cette horrible, horrible endroit. »

- Ce n’est pas nécessaire, Détective, murmure le prétendu Thomas Colt d’une voix faible.

Smith se contente de lever les yeux vers lui un moment avant de revenir à la femme, qui détaille un vieil entrepôt dans la basse-ville. Oui, c’est nécessaire à son avis de soumettre Blake à cet enregistrement durement déniché.

- L’homme a dit… il a dit que si Erik ne pouvait pas… Ils l’ont emmené dans une pièce. J’ai entendu crier. Quand il est ressorti, il était couvert de sang. Et ils l’ont jeté à la porte. Ils m’ont gardée… pendant des heures. Il y avait tout le temps quelqu’un qui me surveillait de près. Puis il est venu… cet horrible homme. Élancé, arrogant… Un européen, je ne sais pas d’où. Il a profité de son heure de garde pour se jeter sur moi. D’abord il m’a plaquée contre la table. Il a soulevé ma robe. Je peux encore sentir ses mains et ses lèvres partout sur moi. Je me sens… vide. Souillée. Je ne sais pas combien de temps ça a duré. J’étais tétanisée. Il était brusque. Puis, quand il a eu fini, il s’est détendu un peu. Je ne sais pas comment j’ai pu… comment j’ai réussi. Il avait un poignard, à la ceinture. Il n’a pas eu le temps de crier. Il a simplement… hoqueté… puis il est tombé. Et je suis partie.

L’agent Monroe appuie alors sur l’écran, pausant le vidéo, puis retire la tablette de la table avec un regard entendu pour son collègue. Smith acquiesce poliment et revient à son prisonnier, pensif.

- Marianne Blake. Le 10 janvier 1996. Une charmante femme. Canadienne, comme son mari, Erik Jameson, retrouvé dans la rivière un mois plus tard. Ils étaient en vacances à Chicago, le mec a des problèmes avec un gang, et ça se termine mal pour lui et sa femme. Scénario classique.

- Quel est votre point, Détective ?

- Que toute histoire a un début. Et c’est là que j’ai trouvé le début de la vôtre. Marianne a accouché le 23 août 1996 d’un garçon. Elle n’a jamais fait passer de test pour savoir s’il était de feu son mari ou de son assaillant. Elle l’a élevé jusqu’à sa mort, cinq ans plus tard.

L’homme connu sous le nom de Thomas Colt blêmit légèrement et pince les lèvres avant de darder son regard gris dans celui du détective.

- Charles Blake, né à Vancouver. Vous souvenez-vous d’elle ? Des cinq années que vous avez passé en sa compagnie ?

- Je me souviens de son sourire, admet-il après un moment de silence. Il était radieux. Ensoleillé. Malgré le voile de tristesse qui ne la quittait jamais.

- Puis elle a été tuée.

Sans aucune mimique de compassion, Smith saisit quelques clichés dans le dossier et les jette sur la table. On y voit, dans des angles différents, le corps mutilé de Marianne Blake.

- Assassinée alors qu’elle rentrait chez elle après son quart nocturne. Elle était infirmière, c’est bien ça ? L’enfant se faisait garder chez la voisine. Les meurtriers ignoraient probablement votre existence, sans quoi vous y auriez probablement passé aussi.

- Des représailles, marmonne Blake avec dédain. L’homme qu’elle a tué en s’échappant… l’homme qui l’a… était le fils cadet du bras droit d’un trafiquant serbe. Ils l’ont traquée. Ça a pris du temps, mais ils l’ont retrouvée.

Smith arque les sourcils avant de les froncer, confus, et fouille rapidement les dossiers en secouant la tête.

- Il n’y a…

- Oh, la police n’a jamais pu trouver quoi que ce soit. Ni au Canada, ni aux États-Unis. J’ai dû étendre mes recherches moi-même, bien plus tard. Malheureusement, je n’ai jamais pu retracer les trafiquants. Ils étaient probablement de simple passage. Ils sont probablement retournés en Europe.

- Et vous n’avez jamais pensé aller y jeter un coup d’œil ? Vu vos passe-temps…

- Souvent, bien évidemment. Mais à quoi cela m’aurait-il mené ? J’ai toujours mis un point d’honneur à améliorer le monde dans lequel je vivais. Chercher vengeance pour ma mère morte depuis des années ne me mènerait nulle part.

Le détective hausse les épaules, comme déçu par une telle réponse, ou simplement pas impressionné par les paroles d’un criminel pourtant si difficile à attraper. Il reprend après un temps, scrutant toujours ses notes : « Vous avez fait plusieurs années d’orphelinat à Vancouver. »

- C’est exact. Près de quatre ans.

- Ensuite, vous avez été pris en charge par les Baker.

- Eloise et Paul. De charmantes personnes.

- Savent-ils où vous êtes, maintenant ?

- Ne tentez pas de me faire croire que vous n’avez pas tenté de les contacter pour me localiser, Détective. Ce serait une insulte à mon intelligence. Paul est mort dans un accident de la route un an après mon départ. Quant à ma mère adoptive… un cancer des poumons l’a emportée en avril 2024. Je ne leur ai jamais reparlé, après 2012, non. Mais je me suis renseigné.


Un sourire à la fois agacé et amusé se faufile sur les lèvres sèches du détective. Prenant une pause pour boire une gorgée dans son thermos, il croise les bras sur le bureau, comme s’il cherchait à piéger son invité forcé.

- Il n’y a rien qu’on puisse vous cacher, alors. Dans ce cas… Pourquoi ne pas m’éclairer sur les événements de 2012, Charlie ? Vous aviez, quoi, quinze ans ?

- Seize, en fait. C’était en novembre. Mais tout cela a commencé bien avant. Nous avions un ordinateur personnel, à la maison. Paul travaillait dans la construction, il n’y connaissait pas grand-chose. Mais Eloise… Eloise était secrétaire pour une clinique de dentisterie. Elle m’a montré comment opérer les logiciels de base. Word, Excel, Explorer… Et le reste, je l’ai appris par moi-même. J’ai démontré très tôt des talents en informatique. Et avec des talents comme les miens, j’ai nécessairement attiré rapidement une attention sur moi que j’aurais préféré éviter.

- Oui, j’ai cru comprendre que vous aviez décroché quelques bourses en programmation à un jeune âge.

- En effet. Mais ce n’était pas l’informatique qui m’intéressait. Enfin, pas outre mesure, comme l’auraient souhaité mes professeurs. Je me fascinais pour le monde extérieur. Les vastes étendues boisées, les prairies, les glaciers, et toutes les créatures qui le peuplaient. Je m’intéressais aux peuples au bout du monde, autant en Afrique occidentale qu’en Asie du Sud-Est. Et je ne parvenais pas à comprendre comment les gens pouvaient être si aveugles. Comment le monde pouvait condamner des espèces par dizaines, des gens par centaines…

- Alors vous avez commencé à faire du grabuge avec une bande de hippies.

- Ils n’étaient pas des hippies. Ils étaient des amoureux, comme moi. Des passionnés. Ils voulaient sauver le monde. C’était un petit groupe amical de discussion. Ils avaient tous entre dix-sept et vingt-trois ans, pas plus je crois. Sauf moi, qui me suis joint à eux malgré mon jeune âge. Quatorze ans, à l’époque. Et sauf William, bien sûr.

- William ?

- William Jenkins. C’était un professeur, à l’Université de Vancouver. Il enseignait l’éthique, là-bas. Il m’a appris beaucoup de choses. Selon lui, le monde était plongé dans une période d’obscurité où très rares étaient ceux qui avaient le courage de lever les yeux vers la vérité. Par conséquent, ces gens avaient le devoir d’agir. Alors, dans notre petit local, nous traitions de ces diverses calamités qui déferlaient silencieusement sur le monde. Et, à l’occasion, nous tentions de… sauver le monde.


Il a un rire sans joie avant de reprendre : « Nous nous sommes attaqués à des entreprises de la région. Des compagnies pharmaceutiques, des éleveurs… Des gens qui ne respectaient pas les lois et les normes établies. Plusieurs d’entre nous voulaient passer au niveau supérieur et frapper plus directement. Ils avaient l’impression qu’on ne faisait pas assez. Mais William a toujours été très strict là-dessus : nous ne pouvions pas transgresser les règles pour mettre hors course les joueurs qui faisaient de même. »

- Je vois que l’enseignement n’est pas resté là-dedans longtemps.

Charlie s’arrêta pour le regarder avec dégoût puis, chassant de sombres pensées, il poursuivit : « Alors nous poursuivions notre jeu dans les ombres, mais jamais trop profondément. Principalement, c’est moi qui arrangeais les choses. William repérait les cibles. Puis je cherchais les bases de données et les serveurs de nos cibles. Et avec ce que je dénichais, les autres étaient toujours en mesure de porter préjudice à nos… adversaires.

- Jusqu’en novembre 2012.

- C’est exact. Le 17 novembre 2012, notre monde… mon monde a basculé.

- Que s’est-il passé, cette nuit-là ?

- Tout le monde n’a pas toujours été fan de notre travail. Oui, il y avait des gens qui nous soutenaient ouvertement. Enfin, je dis nous. Ils n’avaient pas la moindre idée de qui nous étions ; nous opérions dans les ombres. Mais les gens savaient que quelqu’un était à l’origine de ces explosions de controverses. Et plusieurs s’opposaient fermement à ces agressions informatiques. Mais j’ignorais à quel point… Nous tentions de faire éclore la vérité au sujet d’un laboratoire qui utilisait des primates dans ses sous-sols. Ils devaient payer des sommes faramineuses pour que les inspecteurs tournent les talons. Mais leur système était bien protégé, il nous fallait un accès de l’intérieur. C’était une tâche plutôt difficile. Nous avons dû nous introduire dans leur édifice, en nombre réduit. Il n’y avait que moi, William, et John. John devait nous aider à entrer, puis nous attendre avec la voiture afin que nous puissions partir vite. Nous sommes entrés à l’intérieur, William et moi. Je suis parvenu à pirater les systèmes et à obtenir une pluie de documents sur le laboratoire clandestin qui était annexé dans la cave. Utilisation illégale d’animaux témoins, de produits hautement dangereux, et bien d’autres transgressions du genre. J’ai tout pris avec moi et nous sommes partis. Mais notre mission ne s’est pas terminée comme nous l’avions prévu. Je ne sais pas comment, mais les autorités avaient eu vent de notre escapade. Quand nous sommes arrivés, la voiture de John n’était plus là. À sa place, il y avait une demi-douzaine d’autopatrouilles. Nous avons dû filer par derrière. J’ai eu le temps d’escalader le grillage, mais pas William. Je me souviens encore de cette scène, comme si c’était hier. J’étais à couvert dans le boisée qui longeait la barricade quand l’officier a hélé mon mentor. Il s’est figé devant le grillage, puis il s’est tourné vers lui. L’officier a beuglé quelque chose. Je n’ai pas trop compris. Alors William a tourné la tête vers moi. Il m’a regardé droit dans les yeux, avec un regard profond, qui voulait tout dire. Je ne sais pas s’il a fermé les yeux avant ou après le coup de feu. La balle a percé son cœur et le sang a éclaboussé la clôture. Son corps est tombé, lentement. Et le monde s’est arrêté.

- Le monde s’est arrêté ? Charlie, par pitié. Ne me faites pas pleuré. Votre bonhomme, c’était un criminel. Tout comme vous.

- Un criminel ? Il a passé sa vie à lutter pour la justice. Il a toujours tenu à ce que nous nous efforcions de suivre les règles. À ce que nous demeurions dans la lumière de vos codes moraux que vous brisez vous-même si aisément. Non, j’ai compris ce soir-là. J’ai compris que toutes les simagrées des gouvernements n’étaient que les mêmes manèges que ces dérangés qui ont tué ma mère. J’ai compris que les règles n’existaient que pour les moutons endormis, destinés à être envoyé dans l’abattoir. Alors je me suis effacé.

- Et comment diable avez-vous fait ? Passé cette date, c’est niet. Plus aucune information sur vous, Charlie. Juste de maigres traces, çà et là. Pour un enfant, vous avez très bien fait votre travail. Je voulais être un brontosaure, à l’époque.

- Le brontosaure n’existe pas
, marmonne Charlie avant d’hausser les épaules en douceur. Comme vous l’avez si bien mentionné au départ, je suis doué. Me faire disparaitre n’a pas été très difficile. La presque totalité des fichiers me concernant, au Canada, j’ai pu les détruire. Puis je me suis fabriqué une identité américaine et j’ai traversé la frontière. Pas besoin de me lancer des fleurs, Détective. Je ne suis pas le premier à faire un exploit de la sorte. Il n’y a qu’à penser à Frank Abagnale. Vous savez, l’artiste qui a arnaqué le gouvernement coup sur coup avant même d’être majeur. Ils ont fait un film…

- Oui. Catch me if you can, avec Tom Hanks et DiCaprio.

- Tout à fait
, répond Blake avec un demi-sourire.

- Et par la suite ?

- Je suis allé là où tout avait commencé. Chicago. Je sentais qu’il était de mon devoir de me rendre là où j’avais probablement été conçu. Peut-être croyais-je, à l’époque, y trouver justice, ou vengeance, pour ma mère… Je ne sais trop. Mais je m’y suis dirigé. Et j’y ai passé les trois années suivantes, à en appendre sur le monde.

- Ça n’a pas été trop difficile ?

- Absolument pas. Avec les talents que j’avais, j’ai pu aisément me débrouiller. Je suis entré en service dans les basses rues. J’ai appris ce que c’était que d’être un criminel.

- Quoi, vous voulez dire, comme Batman ?

Il crispe les épaules et mime une voix rauque en reprenant : « J’ai appris à vivre comme un criminel avant de les traquer ! Je suis… »

- Non
, l’arrête immédiatement Blake. Je suis simplement entré dans leur système, comme un jeune homme qui ne sait plus où aller. Jamais je ne me suis aventuré dans des histoires que je jugeais immorales. J’avais peut-être compris que les lois n’avaient plus de sens, ça ne m’empêchait pas de choisir mes crimes avec précision. Alors j’aidais ceux que je jugeais digne de mon aide.

- C’est-à-dire ?

- Vous savez, on méprise souvent la criminalité, mais on oublie trop souvent qu’elle a sa place dans notre société. La criminalité va de pair avec la société. La grande nuance, Détective, c’est que si le crime a sa place dans notre monde, certains criminels n’ont pas la leur. Avec les bonnes figures en tête, le crime peut prospérer sans menacer les innocents. Sans que les gens comme ma mère paient un prix qu’ils n’ont pas à payer. Alors j’aidais ceux qui pouvaient mener la criminalité de Chicago vers un terrain plus stable. Oh, je n’étais pas quelqu’un d’important. Loin de là. Mais je crois avoir joué un rôle dans quelques petits histoires de calibre moyen dans les années qui ont suivi mon arrivée. J’opérais toujours sous de faux noms, bien sûr.

- Et que faisiez-vous pour eux ?

- Je suis bon avec les ordinateurs. Piratage, fraude, création de fausses identités…

- Vous ne vous en cachez pas le moins du monde.

- Comme je vous l’ai dit, Détective… D’ici la fin de la soirée, vous saurez tout.

- Je ne demande pas mieux. Alors… poursuivez, Charlie. Faites-moi plaisir.

Son prisonnier prend une inspiration avant de reprendre son récit : « J’ai travaillé près de trois ans à Chicago, à développer mes capacités. À élargir mon cercle de connaissances. Je me suis fait quelques amis, un peu partout dans la ville. Puis lorsque j’ai eu 19 ans, j’ai décidé qu’il était temps de lever les voiles. J’avais passé suffisamment de temps à m’établir, il était temps pour moi de reprendre mon véritable travail : aider ceux qui en avaient besoin. Les années qui ont suivi, j’ai beaucoup voyagé. Principalement en Afrique, mais je suis également allé en Asie, et une ou deux fois en Amérique du Sud.

- Oui, j’ai quelques mentions à votre sujet dans une bonne vingtaine de pays. Parfois assez claires, mais plus souvent, il ne s’agit que d’un indice qui laisse croire à votre présence sur les lieux. Alors expliquez-moi donc… que foutiez-vous là-bas ? Vente d’armes ? Traffic de drogues ? Esclavage ?

- Rien de tout ça, Détective ! Vous n’avez toujours pas compris quel homme je suis ? Je suis d’abord allé en Afrique du Nord pour lutter contre le braconnage. Je sais, je suis loin d’avoir le gabarit d’un homme de terrain. Mais j’avais les moyens pour en employer. Des hommes bien heureux d’être payés à sauver ce qui leur tenait à cœur. Ils y mettaient autant de cœur que moi, et ils mettaient en énergie ce que je mettais en argent. Cependant, la tâche était corsée. Nous luttions contre la corruption et la violence, dans un monde où la technologique est bien moins présente qu’ici. Mes capacités étaient limitées. Mais j’ai appris à me tailler ma place et à user de nouveaux moyens. L’intelligence humaine est une valeur qu’il ne faut jamais sous-estimer. Et par intelligence humaine, je parle bien sûr au second sens, je parle d’espionnage et de renseignements.
» Alors j’ai appris à batailler dans ce monde dangereux. J’ai connu ma dose de périple, et mes aventures m’ont conduit jusqu’en Asie. Car, si en Afrique se fait un gros du travail, le marché noir prend ses sources principalement en Asie. Là-bas, c’était un peu moins physique, et mes propres compétences étaient mises un peu plus à l’usage, mais le travail y était tout aussi difficile, sinon plus. Quand je suis revenu à Chicago pour la première fois, des années plus tard, ça m’a fait un certain choc. Nos mondes sont si différents. Mais, j’ai réalisé à ce moment que, malgré tout ce que cette ville avait engendré dans ma vie, je m’étais attaché à elle. Et la trouver dans un état tout aussi lamentable qu’à mon départ, ça m’a fait mal.
» Les années suivantes, j’ai alterné mes activités. J’opérais en Afrique et en Asie, comme précédemment, mais je revenais régulièrement à Chicago pour aider de vieux amis, ou pour gérer mes propres affaires. Les choses sont peut-être moins chaudes en apparence ici, mais elles ont le don d’être assez complexes par moment. Alors, j’ai été bien occupé. Entre mes interventions ici, dans les ombres, et mes croisades exténuantes là-bas…

- Vos croisades hein. C’est comme ça que vous les voyez ?

- Oh, simple façon de parler, Détective. Cela n’empêche que mes voyages étaient périlleux, que vous les considériez comme criminels ou non.

- Périlleux, hein. C’est là que vous avez eu vos cicatrices ?


Un sourire vague se dessine sur les lèvres de Charlie alors qu’il lève les yeux, ne regardant aucun des deux officiers.

- En effet. Ma blessure à la jambe, je l’ai eue lorsque j’ai été pris par une bande de trafiquants. Ils ont tâché de me jeter en pâture à une hyène qu’ils gardaient dans leur repère nauséabond. C’est fou ce qu’un homme peut faire lorsqu’il est devant l’inévitable… mais ça ne m’aurait pas mené bien loin si je n’avais pas pu compter sur Brian.

- Brian ?

- Mon ami de toujours. Je l’ai rencontré dans mes premières années à Chicago, où je l’ai aidé à fuir quelques problèmes avec les fédéraux. Il m’a souvent accompagné, par la suite. Et, cette journée-là, j’ai eu la chance de l’avoir. Sans quoi, je n’aurais pu aller bien plus loin.


Il s’arrête, posant les bras sur la table. Il semble de plus en plus à l’aise au fur et à mesure que son récit avançe. Peut-être est-il simplement prêt à se rendre. La lassitude du meurtrier impuni.

- C’est en mai 2020 que ma vie a pris un tout autre tournant. J’avais 23 ans, à l’époque. J’étais à Chicago, une fois de plus pour affaires. Je me suis permis d’assister à un gala. Enfin, une soirée bénéfice, ou quelque chose comme ça. C’était une soirée pour récolter de l’argent pour la forêt amazonienne, ou quelque chose comme ça. Vous voyez le genre ? Bref. Via une société inexistante, j’y avais versé quelques sous pris aux trafiquants d’ivoire. Donc je suis allé à la soirée, histoire d’écouter les ragots. L’intelligence humaine, comme je disais. Et puis, au beau coup de cette soirée, il y avait ce… petit bout de femme. Qui peste contre une bouteille d’une cuvée merveilleuse. L’accro n’a pas été trop extravagant, mais il a suffi à lancer les premiers dominos d’un jeu qui ne reprendrait qu’un an plus tard.
» Car, une semaine après cette rencontre banale, je suis retourné en Afrique. J’y suis demeuré environ quatre mois, occupé à traquer une bande de braconniers qui s’intéressaient de trop près à la kératine des rhinocéros d’Afrique australe. Mais ça c’est un peu… mal terminé.


- Votre blessure au ventre
, devine Smith.

- Exactement. Une mauvaise rencontre avec des trafiquants. J’ai reçu le coup, mais j’ai eu la chance que la balle ne fasse pas de trop gros dommages en-dedans. Par contre, cela a considérablement réduit mes capacités physiques. J’ai passé quelques semaines dans un hôpital africain avant de repartir pour les États-Unis. Là, j’ai pris un mois pour me reposer, le temps de reprendre des forces. Ensuite, j’ai recommencé à aider quelques vieux amis. Rien de bien sérieux. De faux papiers, quelques petits hacks, juste de quoi m’occuper. Et puis, après quelques mois dans cette vie un peu plus tranquille, alors que je me baladais dans un parc où je nourrissais les oiseaux, je suis tombé à nouveau sur cette petite femme que j’avais croisée au gala. La rencontre fut un peu plus plaisante, et je me suis surpris à la trouver fort à mon goût. Nous nous sommes revus la semaine d’après, pour prendre le thé, puis les rencontres se sont succédé.
» Les mois ont déboulé assez vite, par la suite. D’une part, je fréquentais Indy. Notre amour a, il me semble, fleuri très rapidement. Nous étions faits l’un pour l’autre, aussi cliché cela puisse-t-il être. Et lorsque je n’étais pas avec elle, ou en train de me reposer, je faisais quelques travaux en ville, et j’ai même risqué quelques voyages, bien plus courts que mes précédents, cependant. Les voyages étaient plus éprouvants, avec mes douleurs. Et puis, comme j’avais Indy, je n’aimais pas partir bien longtemps.
» Je crois donc que la décision de m’installer à Chicago n’a pas été très difficile lorsque la CIA m’a acculé au Nigéria. Une fois les traces effacées, j’ai pu m’établir plus confortablement plus près d’Indy. Quelques mois plus tard, nous emménagions ensemble dans un appartement.


- Elle ne sait rien à votre sujet.

- Oh, elle sait tout. Je ne suis pas comme votre gouvernement, Détective. Pas comme vos employeurs, ou vos collègues. Par conséquent, elle sait tout de mon passé, et tout de mon présent.

- Parlons de ce présent, d’ailleurs. Ce fameux Syndicat.

Blake hausse mollement les épaules, comme désintéressé.

- Vous avez bien dû en entendre parler un peu, puisque vous êtes devant moi.

- Je veux tout savoir.

- Et bien. J’étais de retour à Chicago, avec Indy dans mes bras. Nous étions fiancés. Je ne pouvais plus directement opérer à l’international, mais j’avais encore les moyens d’aider. Il me suffisait simplement d’avoir de quoi mener la double vie me permettant d’appuyer des opérations clandestines de par le monde.
» J’ai donc créé l’identité de Thomas Colt, à laquelle Indy a pu se marier cette année. Nous venons d’ailleurs tout juste d’acheter une charmante maison, les boîtes viennent à peine d’être dépaquetées.


- Oui. Thomas Colt, hein. Selon mes dossiers, vous êtes professeurs de sciences dans une école secondaire du Chinatown.

- Je plaide coupable
, avoue Charlie avec humour. Les enfants m’ont toujours amusé, et je m’y connais plutôt bien en sciences… Et puis, c’était une belle manière de me baigner un peu dans le monde asiatique de la ville. Vous savez, avec ces Triades et leurs trafics des plus narquois, je préfère avoir un bon aperçu. Les tenir à l’œil… Et la meilleure fenêtre pour cela, c’est à travers leurs enfants.

- Ingénieux
, admet Smith avant de de déglutir. Et pour le Syndicat ?

- Mon véritable passe-temps. Avec mes moyens pas trop extravagants mais suffisants pour que je puisse bien m’en sortir, j’ai acheté un petit immeuble, dans la basse-ville. Société fictive, faux noms, tout y est. Le building n’existe pas réellement dans les papiers, alors personne ne peut vraiment enquêter. Et si quelqu’un entre, il n’y trouve qu’un comptoir informatique de qualité moyenne. Au rez-de-chaussée, j’ai des employés qui assurent les affaires, autant avec des clients citadins qui viennent faire réparer leur ordinateur qu’avec de réels clients qui viennent pour faire affaire avec nous. Pour ce qui est des autres étages, nous sommes toujours en amélioration. Au sommet, il y a mon bureau. Sinon, le quatrième est terminé. Les bureaux de mes collègues et tout notre équipement ou notre matériel s’y trouvent. Le reste est toujours vide, mais nous sommes tous satisfaits de ce que nous faisons là.

- C’est-à-dire ?

- Eh bien, le Syndicat a une bonne réputation, à mes yeux. Nous formons une belle famille. Tous proches. Nous œuvrons ensemble et l’argent que nous parvenons à faire est largement investie dans nos projets outre-mer, notamment en Afrique. J’ai toujours des contacts là-bas, qui mènent à bien ce que j’y ai commencé. Ici, nos opérations sont moins palpitantes. Comme je vous l’expliquais tout à l’heure, nous créons surtout de faux papiers. On travaille aussi dans l’espionnage industriel ou le piratage informatique. Un peu de fraude par-ci et par-là. Mais, nous sélectionnons toujours nos clients avec soin.

- Du genre ?

- Je vous l’ai dit, Détective. Je crois que la criminalité aura toujours sa place dans la société. Il est toutefois important qu’elle soit bien gérée. Alors, je n’aide pas n’importe qui. J’aide ceux que je juge pouvoir prendre en main le crime d’une main plus ferme et plus subtile. Je ne veux pas de fusillades dans ma ville, pas plus que de trafic d’enfants, de jeunes femmes ou de substances dangereuses pour le peuple comme pour l’environnement.

- Un vrai héros
, ironise Smith en secouant la tête. Du coup, vous croyez sincèrement que je vais vous laisser filer ? Vous pensez que je vais vous donner une claque dans le dos, vous demander pardon et vous laisser retourner à vos opérations ?

- Pas le moins du monde, Détective ! En fait, je suis bien heureux de pouvoir enfin vous rencontrer.

- Vraiment ?
s’étonne Smith.

- Oui. Quand vous vous êtes lancé sur mes trousses, j’ai tout tenté pour vous détourner de moi. Mais rien n’y a fait. Et en vue de votre dossier, je n’avais pas du tout envie de vous éliminer. Je vous l’ai dit, je ne cherche qu’à améliorer notre monde…

- Je suis un homme choyé.

- …jusqu’à ce que vous approchiez le petit groupe nigérien qui opère sous le viaduc. Vous savez, les trois hommes qui dealent les mercredi soirs ?


Jeremiah Smith se fige, les traits soudain tendus. Son visage prend une teinte d’abord plus pâle, puis il rougit violement, tournant un instant les yeux vers Monroe, qui observe tour à tour le criminel et le policier, un sourcil levé.

- Vous, un officier qui se dit honnête. Qui me juge en criminel dangereux. Et qui, pourtant, êtes prêt à fermer les yeux sur des trafiquants qui dosent des adolescents et corrompent la jeunesse ? Simplement pour attraper un homme qui s’est toujours montré plus malin que vous ? Votre orgueil est plus important pour vous que votre code moral, Détective.

Désormais furieux, Smith manque taper la table de son poing sous l’insulte, mais il parvient à garder son calme.

- Vous qui êtes si malin. Dites-moi donc, comment se fait-il que je vous tienne malgré tout ?

- Parce que je le veux.


Le détective hoquète de surprise, les sourcils arqués.

- Voyez-vous, Détective, quand j’ai compris que vous n’étiez pas aussi blanc que votre dossier le suggérait, j’ai réalisé que je devais régler votre problème avant que vous ne deveniez trop dangereux. D’un autre côté, cela faisait longtemps que je tentais de mettre la main sur les dernières preuves de mon existence passée. Je vous remercie donc d’avoir fait le travail pour moi. Car maintenant, je peux faire d’une pierre deux coups.

Figé sur son siège, Smith met un temps à digérer les paroles de son prisonnier, qui fait mine de se lever.

- Détective, ce fut un plaisir, glisse-t-il en lui faisant un sourire poli.

Le cœur de Smith se serre, emporté par un flot de rage et d’incompréhension. Le bonhomme a perdu la raison. Croit-il simplement qu’ils vont le laisser s’en aller ainsi avec le dossier ? Abasourdi, le détective tourne la tête vers son collègue. Il s’arrête avec un frisson d’effroi. Monroe l’observe calmement, son pistolet braqué vers lui. La vision de Smith se brouille sous la peur, et il voit, tour à tour, la pointe de l’arme, puis le sourire penaud de son collègue. Enfin, il note l’insigne qu’il n’a pourtant jamais cessé de voir ces dernières semaines. B. MONROE.

- Brian Monroe...

Le coup de feu fend l’air, mais en une soirée aussi festive, personne n’y prêtera attention. Et, si quelqu’un devait par mégarde prévenir les autorités, elles ne trouveraient, en arrivant dans le petit entrepôt, qu’un policier corrompu abattu lors d’un échange fictif avec trois nigériens et, quelque part dans un coin, un tas de cendres, dernières traces d’un passé révolu. Sourire aux lèvres, Charlie pousse la porte de l’entrepôt et glisse les mains dans les poches de son veston, son bras-droit le talonnant en silence.

- Voilà qui est fini, commente-t-il de sa voix suave.

- Mon cher ami, dit-il avec joie, la fête ne fait que commencer.

Puis ils disparaissent dans la ruelle, une pluie d’étoiles rouges et bleues allant se fracasser dans les nuages.


acidbrain

Anonymous
Invité
Mar 5 Juil - 8:55
Bienvenu, vachement spécifique ton métier x)
Bon courage pour ta fiche <3

Salomon Doe
Salomon Doe
Messages : 35 Je suis arrivé(e) le : 28/06/2016 Actuellement je suis : Célibataire Je travaille comme : Mercenaire Niveau Social : Limité
Mar 5 Juil - 9:06
Bienvenue à vous M Blake ! Bon courage pour votre fiche.

Alexei Mikhaïlov
Alexei Mikhaïlov
rang alexei
Messages : 38 Je suis arrivé(e) le : 27/06/2016 Actuellement je suis : Célibataire Je travaille comme : Héritier Niveau Social : Aisé
Mar 5 Juil - 12:28
Salut a toi et bienvenue

Bella Costello
Bella Costello
rang bella
Messages : 35 Je suis arrivé(e) le : 19/06/2016 Actuellement je suis : Célibataire Je travaille comme : Etudiante en Magistrature Niveau Social : Aisé
Mar 5 Juil - 20:24
Welcome Wink

Syara A. O'Ceallaigh
Syara A. O'Ceallaigh
rang syara
Messages : 30 Je suis arrivé(e) le : 17/06/2016 Actuellement je suis : veuve Je travaille comme : Gérante du Dal Riata & Chef de la zone neutre Niveau Social : on s'en sort plutôt pas mal
Mar 5 Juil - 21:12
coucou hâte de lire ta fiche mister Blake

Le Maire Adjoint
Le Maire Adjoint
Admin
Messages : 14 Je suis arrivé(e) le : 03/11/2015
Jeu 7 Juil - 12:21
Bieng-viendu à toi Wink plus qu'heureuse de te voir parmi nous évidemment.
Je viens de dévorer ta fiche **

Charlie Blake
Charlie Blake
rang thomas/charlie
Messages : 15 Je suis arrivé(e) le : 05/07/2016 Actuellement je suis : Marié. Je travaille comme : Professeur. Niveau Social : Moyen.
Jeu 7 Juil - 23:14
Merci °w° J'ai terminé !

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