Encore un matin, un matin pour rien ... - Katarina Mikhaïlov

Encore un matin, un matin pour rien ...

Katarina Mikhaïlov

J’ouvrais les yeux, lentement, me tournant dans mon lit, roulant sur les draps, il était vide. C’était rare, mais cette fois-ci, c’était normal. La veille j’avais exécuté ce contrat, mon premier en civil, mon premier sous ce nouveau pseudonyme, mon premier depuis que j’avais quitté mon travail pour l’armée. Je pensais ne plus avoir cette envie de tuer qui allait me ronger, mais pas du tout, elle m’avait suivi, et rattrapé. J’avais accompli cette mission avec brio, et j’étais rentré très tard, je m’étais reposé, et ce sommeil avait été parfaitement réparateur, un soulagement après les nuits difficiles qui avaient précédé cette décision de prendre ce contrat.

Je dormais généralement avec une femme, classique coup d’un soir que j’évitais toujours le lendemain matin, me levant toujours avant elle, discrètement, et m’esquivant chez ma sœur le temps que mon invitée s’en aille. Je n’arrivais jamais à affronter ces filles après ces nuits torrides, même quand ces nuits avaient été formidables, j’avais juste plus envie de les voir, ou de les revoir, c’était une fois, et c’était ensuite terminé, je ne voulais, et ne pouvais, leur donner plus. Elles n’étaient qu’une distraction pour moi, et c’était très bien comme ça.

Je m’étirais comme un chat, me tordant et gémissant dans mon lit en repoussant les draps de mes jambes. Je m’extirpais ensuite de mon lit, m’asseyant sur le rebord, et accoudé sur mes cuisses, je passais une main sur mon visage, frottant mes yeux de mes doigts, terminant de me réveiller nous étions samedi, il devait être quoi, dix heures, j’avais traîné plus que d’habitude ce matin. J’avais encore le petit déjeuner à prendre chez Kat, elle devait m’attendre, et je n’allais pas trop tarder, il était déjà tard et je détestais qu’elle me reproche de décaler ses journées, et je la comprenais, mais bon, c’était comme ça, je déjeunais avec elle tous les jours, elle savait à quoi s’attendre.

J’avais pris une douche en rentrant hier, et j’étais encore sacrément frais, je me dirigeais vers la salle de bain, me rinçant la figure à l’eau froide, avant de m’essuyer énergiquement pour bien me réveiller. Je n’enfilais qu’une chemise d’un bleu pale, par-dessus le boxer avec lequel j’avais dormi, la laissant ouverte, et je me levais enfin, me dirigeant vers la porte. Je traversais le jardin, ignorant le regard de mes voisins qui commençaient à avoir l’habitude de me voir tous les matins changer de maison.

J’entrais comme à mon habitude, sans sonner ni frapper, me dirigeant vers le salon si elle était là, ou bien vers la cuisine si je ne la trouvais pas de suite, au pire j’attendrais en terminant de préparer le petit déjeuner ou en mettant le couvert. J’allais faire mine de ne pas avoir dormi seul, et que mon invitée était déjà partie, je devais m’assurer une couverture sans faille pour cacher mes nouvelles activités nocturnes, mais telle que je connaissais ma sœur, elle allait très rapidement lire clair dans mon jeu, et découvrir que quelque chose avait changé. Enfin, on verra bien, elle était bien la seule personne sur cette Terre en qui j’avais confiance.

«- Salut Kat, t’es là, ça va toi ? Bien dormi ?»

Encore un matin, un matin pour rien ...

Katarina Mikhaïlov

«- Oui, ça va merci, j'ai plutôt bien dormi, et pas trop de mal pour me lever ce matin.» Je la regardais, souriant, c'était rare qu'elle dorme encore quand j'arrive, tout était toujours prêt en général, et elle bossais déjà. «- T'as l'air à l'ouest, t'as bossé jusqu'à pas d'heure et t'es endormie sur le canap' ?»

Elle s'était levée brusquement, les joues toutes empourprées, elle semblait avoir chaud, du moins c'est l'impression que j'avais en la voyant, pourtant elle avait plutôt l'habitude d'être frileuse, je n'y faisais pas plus attention, certainement un rêve particulièrement ... 'Chaud'. J'en riais intérieurement, le sourire esquissé sur mes lèvres tendait presque vers le lubrique.

Je ne savais pas si elle avait dormi toute la nuit ici, ou si elle avait succombé au sommeil après s'être réveillée. Mais je savais une chose, qu'elle dormait toute nue, et là, elle portait quelque chose. Elle avait sur elle ce petit peignoir, ce morceau de tissu qui en montrait plus qu'il n'en cachait, et dans lequel elle était particulièrement magnifique. Elle était une belle femme, et je me le répétais chaque fois que je la voyais, depuis mon retour. Je ne comprenais jamais pourquoi elle était toujours seule, mais bon, sans sortir, et avec le boulot et la place qu'elle a, ça doit pas être facile, du moins pour une femme, car moi je n'avais aucun soucis. J'avais bien envie de l'inviter à sortir un soir, et la coacher. Mais je me demande même si elle allait être capable d'accepter.

Elle allait vers la cuisine, et je la suivais, la rejoignant pour mettre le couvert, et me rendant compte que rien n'avait été préparé, je m'en doutais, je n'avais ressenti aucune bonne odeur comme à mon habitude, ni le café, ni la nourriture. C'était rare, très rare même, ça ne lui ressemblait pas du tout, mais je ne pouvais pas lui reprocher quoique ce soit, déjà qu'elle m'accueillait et me servait le petit déjeuner chaque matin. Pour moi c'était un prétexte, pour passer du temps avec elle, pour qu'on puisse juste être ensemble, peu importe ce qu'on faisait, ou de ce qu'on parlait, tant qu'on était ensemble. Kata était la seule personne dans ma famille, et même dans ma vie, pour l'instant, qui avait une réelle importance à mes yeux.

«- Oui je vois ça, tu bosses trop je pense, regarde toi, t'as l'air crevée encore. Faudrait penser à te détendre un peu. On sort ce week end si tu veux.»

Le voyant un peu dans le mal, se massant les tempes, je fouillais le tiroir dans lequel je savais qu'elle avait tout un bric à brac, y trouvant un cachet contre la migraine, je remplissais un verre d'eau, le lui tendant. «- Tiens, prends ça, ça devrait allez mieux.» Je me tournais ensuite vers le placard, et sortais tous les couverts nécessaires au petit déjeuner, les disposant sur l’îlot de la cuisine, où nous avions l'habitude de manger.

J’aidais alors ma sœur dans cette entreprise, préparer le petit déjeuner, chose que je faisais rarement, voulant me faire dorloter par elle, alors que j'en avais toujours été capable, et que j'aimais même cuisiner, mais j'avais simplement la flemme, surtout le matin. J'étais un gars qui vivait la nuit. et forcément, ça impliquait pas mal de choses dans ma vie et dans mon rythme. Notamment le matin. Je ne me rappelais pas la dernière fois où je m'étais levé avant les neuf heures. Je pouvais même pas prétexter que j'avais le rythme Russe, du au décalage horaire, car quand il était neuf heures ici, à Moscou il était dix-sept heures, ce qui ne collait pas, mais je ne cherchais pas d'excuse, tout simplement, je n'étais pas du matin.

«- Tu veux manger quoi ce matin ? T'avais prévu un truc précis ou je prends ce qui vient et on fait au feeling ?»